L'Epiphanie, la "manifestation" de notre Seigneur Jésus Christ, est un mystère multiforme. La tradition latine l'identifie avec la visite des rois mages à l'Enfant Jésus à Bethléem, et l'interprète donc surtout comme une révélation du Messie d'Israël aux peuples païens. La tradition orientale en revanche privilégie le moment du baptême de Jésus dans le fleuve Jourdain, lorsqu'il se manifesta comme Fils unique du Père céleste, consacré par l'Esprit Saint. Mais l'Evangile de Jean invite à considérer comme "épiphanie" également les noces de Cana, où Jésus, changeant l'eau en vin, "manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui" (Jn 2, 11).
L'Épiphanie chrétienne célèbre donc, ainsi que le rapportent l’évangile, la manifestation publique du fils de Dieu incarné, Jésus, au monde, non pas comme dans la mythologie grecque à partir d'une révélation extérieure à l'humanité et faite sous les apparences de l'humanité, mais sous la forme d'un enfant engendré, en un temps historique donné, au sein du peuple juif (dans la lignée de David). Le Messie, qui, après avoir rencontré les petits et les proches (les bergers), prend place et rencontre le monde dans toute sa diversité, telle qu'elle est symbolisée par des mages, que l'on dit être rois ou savants, dits traditionnellement de toutes origines et venus de pays lointains. Ainsi est réaffirmée la dimension universelle du message évangélique.
Qui sont ces visiteurs qui, venus de l’Orient, et guidés par une Étoile, sont venus se prosterner devant l’enfant qui vient de naître et lui apporter des présents d’une très grande richesse symbolique ? Mythe ou réalité ?
Il en est fait mention pour la première fois dans un épisode de l’évangile selon Matthieu (Mt 2, 1-12): «Voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem en disant: «où est le roi des Juifs qui vient de naitre ? Nous avons vu en effet son astre se lever et sommes venus lui rendre hommage».
Si le texte évangélique ne mentionne ni le nombre ni les noms de ces «sages» (en grec magoï) on peut toutefois légitimement se poser la question de savoir comment ils avaient eu connaissance de la qualité de «roi» d’un nouveau-né et surtout comment ils avaient pu identifier «son» astre parmi la multitude des étoiles.
La première mention du nombre des mages: 3, nombre symbolique, qui évoque la Trinité, remonte à Origène, théologien de la période patristique au IIIe siècle qui fixe leur nombre en se fondant sur le nombre de présents apportés, l’or, l’encens et la myrrhe. De plus il établit une forte relation symbolique avec les trois personnages qui rendent visite à Isaac dans un épisode de la Genèse: Abimélech, Ochozath et Phicol (Gen. 26,26).
Les mages sont trois, comme les trois fils de Noé: Sem, Cham et Japhet. C’est à partir de ces trois fils que toute la terre fut peuplée (Gen. 9, 18-19).
En fait, l’enfant dieu accueillant l’adoration de ces étrangers symbolise l’Église qui accueille le monde entier et comprend toutes les philosophies.