Avant d'évoquer la notion de sacrifice évoquons d'abords l'épisode étrange du jugement de Pilate, ou la condamnation à mort de Jésus est présentée de la façon la plus bizarre, mais qui nous donnera la clé pour la compréhension de la suite.
Après que Jésus ait comparu devant le procurateur, on s'attend à ce qu'il soit condamné ou acquitté. Or il n'est proprement ni condamné ni acquitté. Son sort est subitement lié à celui d'un autre prisonnier, non jugé, dont les écritures n'ont pas encore fait mention, jusque là. La question n'est plus : Jésus sera-t-il condamné ou acquitté? Elle devient brusquement : qui sera supplicié, Jésus ou l'autre ? Et la décision ne sera pas prise par le juge mais par la foule.
Le plus étrange encore n'est pas cette procédure insolite. C'est le nom de l'autre. Il s'appelle Bar-Abba. La signification étymologique du nom de Barabbas est le fils du père (de bar: fils de, et Abba, père). Or "fils du père" est le titre qui, de façon suréminente et transcendante, appartient à Jésus. Pour cet épisode, l'évangile de Jean montre que Jésus est le fils unique du père unique, ou, de manière absolue, le Fils du Père. C'est Jésus qui devrait s'appeler Bar-Abba. Or c'est l'autre qui s'appelle ainsi. Ce n'est pas tout. L'autre, comme nous le verrons, s'appelle aussi Jésus, Jésus Bar-Abba. La foule décide entre deux personnages qui s'appellent tous les deux Jésus et qui sont tous les deux Bar-Abba, l’un par le nom, l'autre en réalité.